La vie en image

Dans un petit morceau de papier de soie

 

Dans un petit morceau de papier de soie

Lorsque j'étais enfant, en vacances chez mes grands parents , aux Mans, ma grand-mère m'emmenait parfois au dernier étage de leur maison où se trouvait une chambre inutilisée ainsi que le grenier. Dans ce dernier, je me souviens particulièrement des chapelets de haricots verts qui pendaient d'une poutre à l'autre, sous les tuiles afin de se désécher. C'était mon grand père qui les cultivait et mon père et mes oncles qui les enfilaient à l'aiguille sur les fils.

Mais là n'est pas l'objet de cette histoire.

Dans la chambre meublée se trouvait une grande armoire et quand ma grand mère accédait à ma demande pour l'ouvrir, il s'y trouvait un magnifique ensemble miniature, tout à l'échelle, d'un intérieur des années 1850 / 1870 avec beaucoup de meubles, plein de linges et de broderies le tout soigneusement plié dans les armoires, des tapis en tapisserie, des tentures et trois petites poupées  à tête de porcelaine et pieds en cuir cousu.
Un monde imaginaire, merveilleux pour une petite fille, l'ouverture aux rêves.

A la succession de mes grands parents, l'ensemble arriva chez mes parents, dans une armoire que ma mère ouvrait de temps en temps pour montrer à ses petites filles....

L'ensemble se trouve maintenant dans une armoire , chez moi.

 

 

 

 

Lorsque je l'ai installé, je suis allée voir plus avant dans les détails: les piles de linge rangées, pliées, chaque pièce finie avec des ourlets minuscules, les taies d'oreillers avec de la dentelle autour....J'ai ouvert chaque porte, chaque tiroir...du linge, des robes faites main pour les poupées, des bavoirs, et partout, une minutie incroyable dans la réalisation, pour les meubles également avec du petit bois très léger et fragile, mais le tout travaillé avec recherche, les pieds des chaises galbés, enfin, les photos parlent pour moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

  

Pour quel enfant, pour quelle petite fille avait on fabriqué cette maison de poupée? On sentait un travail plein d'attention et de gentillesse; la mère pour le linge, le père pour le mobilier, tout pour faire plaisir à une enfant en ayant sans doute peu de moyens pour acheter des jouets onéreux.
Tout à coup, dans une pile de linge est apparu un tout petit morceau de papier de soie plié que j'allais sans doute éliminé si je n'avais pas senti quelque chose de dur à l'intérieur...

Mon cœur s'est mis à battre un peu plus fort lorsque j'ai commencé à le déplier soigneusement. Qu'allais je trouver ? Je m'approchais du mystère et l'impatience de la découverte était forte lorsque qu'est apparue la photographie très nette dune jeune femme inconnue, puis, dans un second pli, je le devinais par transparence, un petit livre doré et gravé avec fermoir mesurant 20 sur 25 mm.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

L'ouverture s'est faite sans problème. A l'intérieur, une page avec interstice afin d'y glisser deux photos dos à dos. Et ces photos étaient là !

Malheureusement dans un état qui fait que l'on devine à peine quelques traits des personnages.

Sur, à l'allure il y a un homme; c'est le plus visible, pour l'autre, je pense à une femme, cela paraîtrait logique qu'il s'agisse d'un couple, mais pas de certitudes. Qui étaient ils? Pourquoi ces photos se trouvaient elles là ? Apparemment, ni ma grand mère ni ma mère ne les avaient trouvées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'avais déjà commencé ma généalogie depuis quelques années et commençais à connaître la marche à suivre en sachant que je n'obtiendrai sans doute pas la solution.
Qui était la petit fille à laquelle avaient appartenu tous ces jouets ?

Une certitude, ils venaient de chez mes grands parents paternels. J'avais explorer cette ascendance en remontant suffisamment d'années pour l'époque de la photographie. Les premières photos datant des années 1840, la photographie s'est «  démocratisée » vers les années 1850.

 

Sur la photo isolée et bien nette la femme semble avoir une trentaine d'année ce qui placerait sa naissance dans la fourchette 1815/1825. Pour les personnes photographiées dans le petit livre, elles ont déjà un certain âge je pense en particulier à l'homme qui semble avoir une attitude affirmée et ventrue.

La femme semble être assise sur une chaise au dossier arrondi, on en devine la courbure sur la droite.

 

Les objets venaient de chez mes grands parents paternels; il me fallait donc remonter à la génération supérieure car ce n'étaient pas les jouets de ma grand mère. Ils pouvaient donc être ceux de l'une de mes deux arrières grands mères: soit Marie Henriette Girard ou bien Marie Eugénie Berthe Tavernier.

Ils auraient été fabriqués par leurs parents...


Pour Marie Henriette, ses parents étaient respectivement jardinier et ouvrière et vivaient dans la Sarthe à saint Rémy de Scillé. Elle même travaillait en tant que « maîtresse ouvrière » lors de son mariage

Pour les parents de Marie Berthe, lui était plombier et elle couturière; ils vivaient à Neuilly sur Seine, rue de Sablonville

 

Le métier de couturière m'a aussitôt arrêtée, et j'avais en plus la chance de posséder une photographie de sa maman, Angélique Fresnay

 

                              

 

 

 

La ressemblance entre le portrait de cette Angélique, couturière décédée à Neuilly en 1877 à l'âge de 54 ans et la photo de la jeune femme, trouvée dans le petit meuble était suffisamment importante pour que je me permette d'établir le lien. Le métier constituait un argument supplémentaire important.

 

Je me suis donc autorisée à penser, maintenant, que mon arrière-arrière grand mère, Angélique Fresnay, née au Mans en 1822 et mon aa grand père, son époux, Charles Laurent Tavernier né à Boyelle dans le Pas de Calais en 1821 ( mariage non encore découvert ) et décédé à 48 ans à Neuilly, sont les auteurs de cette petite maison de poupée.

 


Berthe était leur fille unique; ils avaient recours aux photographies de temps en temps comme le montre aussi ci dessous la photo de Charles Laurent et celle de Berthe enfant ( née en 1959, environ 3 ans sur la photo)

 

 

 

 

 

 

                     

 

 

 

  

Maintenant, dans le petit livre, vu l'état des photos, il semble difficile de pouvoir conclure quoique ce soit sur les personnages représentés. Il s'agit probablement d'un couple d'une génération plus ancienne, des grands parents de Berthe..mais lesquels ?

Du côté de son papa, Charles Laurent, ses parents, Guislain Constant Tavernier ( profession non trouvée) et Rosalie Caron ( rentière au décès) , mariés en 1820 à Boyelle, ils sont décédés en 1865 et après 1879, à Arras, lieu et date où la photographie était possible.
Du côté de sa maman, Angélique, ses parents, Michel Pierre Fresnay ( sabotier puis facteur de la malle poste) et Jeanne Chérouvrier ( fileuse) mariés en 1809 au Mans, ils sont décédés au Mans en 1848 et 1856. Donc, là aussi les photos sont possibles, mais un peu plus rares, diminuant les probabilités, mais....

 

J'en arrive à conclure cet article avec ce point d'interrogation ? Quel est ce couple qui a accompagné mon arrière grand mère dans ses jeux de petite fille et dont elle avait, avec amour, si précieusement emballé les photos dans un petit morceau de papier de soie ?

 

Nicole

 



12/03/2012
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